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Exposition

"Report from the front"

15 ième Biennale de Venise

2016

Pour la 15ème édition de la Biennale d’architecture de Venise : REPORTING FROM THE FRONT (DES NOUVELLES DU FRONT), Alejandro Aravena, curateur de l’exposition et lauréat du prix Pritzker 2016, propose d’aborder l’architecture comme un élément moteur pour répondre aux défis sociaux, écologiques et économiques du XXIème siècle.

« Nous sommes convaincus que le progrès en architecture n’est pas un but en soi, mais plutôt un moyen d’améliorer la qualité de vie des gens. Etant donné que la vie elle-même comprend de multiples facettes, allant des besoins physiques les plus élémentaires aux dimensions les plus intangibles de la condition humaine, améliorer la qualité de notre environnement construit constitue donc une entreprise qui doit se décliner sur de nombreux fronts : assurer un niveau de vie concret et terre-à-terre tout en interprétant et répondant à des désirs humains, respecter l’individu tout en assurant le bien commun, accueillir de façon efficace les activités quotidiennes des gens tout en repoussant les frontières de la civilisation.» [...] Ce sont des batailles qu’il nous faut mener. La pression toujours présente du manque de ressources, les contraintes draconiennes, le manque de temps et les urgences de tout genre sont autant de menaces constantes qui expliquent pourquoi nous manquons si souvent de fournir un vrai travail de qualité. Les forces qui structurent l’environnement construit ne sont pas non plus forcément sympathiques: l’avidité et l’impatience du capital ou le côté buté et le conservatisme de l’administration ont tendance à produire des environnements construits banals, médiocres et ternes. Ce sont là les fronts dont nous espérons des reportages de la part de divers praticiens, partageant des réussites et des cas exemplaires où l’architecture a su, sait et saura faire la différence.»

Ainsi, LAN a été sélectionnée pour témoigner de la situation en France et illustrer une des manières de lutter pour le « mieux vivre ».

Exposition du 28 Mai au 27 Novembre 2016

15 IEME BIENNALE DE VENISE
PAVILLON CENTRAL

Commissaires scientifiques invités

LAN : UMBERTO NAPOLITANO, BENOIT JALLON

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Bègles
Imaginer l’espace du possible

Cher Alejandro,

Les architectes ont aujourd’hui plus que jamais beaucoup de batailles à mener. Dans un monde où l’opinion dominante ne laisse pas de place aux autres voix, les projets sont devenus nos propres actes de résistance. Ce sont des occasions pour créer l’exemple, le précédent qui, comme dans le domaine juridique, nous permettrait par la suite de le citer comme un droit acquis.

Ces deux bâtiments à Bègles ont été réalisés dans cet esprit, dans l’idée de pouvoir dire « regardez, c’est possible. »

Le territoire était fertile, Bègles est une des rares villes en France où il est encore temps d’entreprendre ce type de projet : gouvernée par les verts, ouverte d’esprit, et en pleine reconstruction.

Une reconstruction qui a été initiée après la démolition d’un « grand ensemble », un quartier entier rasé pour redémarrer à nouveau sur de nouvelles bases.

Cette tabula rasa, a fait que ce projet devait répondre à des questions beaucoup plus larges et génériques que celles du territoire même. Les problèmes que nous avons retrouvé à Bègles sont les mêmes que nous avons ensuite observé dans beaucoup d’endroits de cette planète.

- Il faut faire plus dense, pour consommer moins de territoire, et quand nous ne pouvons pas, il est nécessaire d’imaginer des systèmes pour que la densité puisse augmenter.
- Il faut donner la possibilité aux gens qui ont peu de moyens d’habiter un endroit qui puisse évoluer avec eux, les accompagner durant le déroulement des étapes fondamentales de leur vie : le couple, le mariage, les enfants, la sénilité…
- Il faut réinventer le logement collectif, ou au moins envisager des formes d’habitat intermédiaires susceptibles de conjuguer le désir d’intimité et le plaisir de sociabilité.
- Il faut des projets qui montrent qu’aujourd’hui le prix de construction est devenu la résultante d’une folle équation où l’économie de service dicte les règles.
- Il faut penser des modèles climatiques qui ne sont pas l’image d’une règlementation, ou d’une mouvance radicale-écologique, mais qui soit issue d’une réelle réflexion sur le changement climatique de la planète.

Ce projet est notre réponse à ces 5 batailles. Bègles n’est pas un projet fini, mais une « forme en mouvement » à la manière de Paul Klee. C’est un enveloppe capable qui peut demain doubler sa taille, en conséquence doubler la densité. Chaque appartement peut utiliser son jardin d’hiver pour augmenter sa surface et cela peut se faire par l’habitant même, sans permis de construire.

Ainsi, en fonction de l’évolution d’une famille, on peut ajouter une pièce dans un cadre déjà construit. Et pourquoi pas l’enlever ensuite quand les enfants ne seront plus à la maison. Chaque appartement, comme dans une maison individuelle à 4 façades, trois expositions, il présente les mêmes qualités qu’une maison individuelle (notion de privatif, un espace extérieur privé, indépendance et un fort contact sensoriel avec l’extérieur) sans leurs inconvénients sur le plan de l’impact environnemental (allongements des réseaux, pollution visuelle et atmosphérique, consommation du territoire).

Ce projet est aussi une démonstration de l’absurdité du système économique de la fabrique actuelle de l’architecture. Il a été construit avec 1000E du m², sachant que les m² des loggias ne sont pas pris en compte. C’est beaucoup moins du prix courant dans cette région pour le double de la surface.

Pour arriver à ce résultat, au-delà d’un travail de rationalisation, de préfabrication, de contrôle, de gestion du budget et de sobriété architecturale, nous avons coupés tous les intermédiaires, l’économie de service, permettant d’aller de celui qui fait à celui qui achète avec peu de passages. La partie formelle, mise en place pour des raisons urbaines, nous a aussi permis de travailler sur un modèle climatique hybride qui correspond au climat de cette partie de la France. A mi-chemin entre le modèle sur-isolé nordique et celui de l’architecture à patio de la méditerranée, la conception bioclimatique se base sur un principe de compacité variable qui introduit la notion d’adaptabilité d’un logement au rythme des saisons ou du jour. Chacun ayant la possibilité d’utiliser son espace extérieur comme protection au vent, une mini serre climatique ou à l’inverse comme une machine à rafraîchir. Il s’agit ici d’une architecture d’intersaison. Ce projet n’a rien de standard, et malgré que le bâtiment soit épais de 7m, construit comme un parking et habillé d’éléments industriels, il en résulte une pièce fondamentale dans la définition de l’espace public de ce site. Il nous tenait à cœur de montrer qu’un parti radical, peut aussi s’exprimer à travers un langage quotidien, presque banalisé.

Umberto Napolitano Benoit Jallon

Biennale Lettre Begles

Lormont
Que faire des «Grands ensembles» ?

Cher Alejandro,

Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses villes en France ont dû être reconstruites.

Il a fallu faire vite et grand. L’état s’est donc engagé massivement dans la construction de million de logements sous forme de « grands ensembles », plus communément appelés « cités ». Le pays est gagné alors par les idées de Le Corbusier et du mouvement moderne, prônant une ville discontinue, hygiéniste, standardisée, et composée d’éléments indépendants immergés dans un système d’espaces publics et collectifs à disposition des habitants.

Cette forme d’utopie progressiste, projet social et architectural, a été suivie par un projet politique de l’habitat qui, malgré ses bonnes intentions, a fini par fabriquer des ghettos. La réalité a vite rattrapé l’utopie et les valeurs du projet moderne sont devenues ses plus grands défauts: mono fonctionnalisme, ségrégation, lieux de l’indéfini, isolement. La situation était tellement hors contrôle qu’en 1973 par la circulaire « relative aux formes d’urbanisation » dites « grands ensembles » et à « la lutte contre la ségrégation sociale par l’habitat », l’état même a signé l’arrêt de mort de cette politique urbaine.

La plupart de ces lieux sont aujourd’hui des territoires critiques où règnent « la loi du plus fort », avec des lois et des logiques propres, des formes d’états dans l’état. Sais-tu que les 50 quartiers les plus sensibles de France sont des grands ensembles ? Qui pourrait d’ailleurs oublier les émeutes de 2005 ?

L’architecture est-elle responsable de cet état des lieux ? Pas totalement mais surement en partie.

Que faire donc des « grands ensembles »? est une question à l’ordre du jour aujourd’hui. Quelle stratégie, à part la démolition, pourrait faire évoluer ces quartiers vers d’autres scenarios que ceux que nous vivons actuellement? Quels seraient les aspects positifs de ces formes d’urbanisation sur lesquelles appuyer les bases d’une transformation? Peut-on inverser la tendance ? Jusqu’à considérer ces territoires comme un patrimoine, une ressource ?

Des réponses très pragmatiques ont déjà été tentées, avec à la base l’idée de privatiser au maximum les espaces. Les unités d’habitations se sont progressivement fractionnées, et l’espace public a suivi la même logique : découpages, hiérarchisation plus progressive du public et du privé, réduction des espaces collectifs mal utilisés. L’écueil de ce processus tient dans son postulat. Il est un appauvrissement des espaces partagés, une privatisation homogène du sol, à l’encontre du principe même des grands ensembles : le plan libre.

Le projet du quartier Génicart tente de concilier le découpage et le plan libre, partant des choses positives de ce model urbain pour bâtir une nouvelle identité. Profitant de chaque occasion offerte par la nécessité d’intervenir sur les bâtiments de ce quartier, le projet suit une stratégie d’ensemble visant à la fois à rendre lisible des nouveaux ilots à travers un traitement architectural singulier, tout en gardant à travers le paysage une approche plus publique, ouverte, jardinée et paysagère, où de nouveaux espaces verts, programmés et identifiés, transforment totalement le quartier.

De la résidence à l’ilot, du « no man’s land » au parc urbain. Les bâtiments sont reconfigurés en entités identifiables, la logique des résidences laisse la place à celle des ilots. Le travail sur les façades visant au départ à isoler thermiquement les immeubles et permettre d’améliorer leur consommation énergétique, s’est révélé une véritable occasion pour une double approche de la réhabilitation. D’un côté il a été possible de générer des espaces en plus, des pièces de vies supplémentaires, des loggias et des balcons davantage spacieux ; de l’autre ce travail a défini une nouvelle architecture, bien distincte pour chaque îlot.

Ce projet essaye de redonner une identité, et surtout de la fierté. Il a été réalisé en site occupé. Avec 10% de la surface du territoire communal de la ville, le quartier Génicart accueille 50% de la population totale de Lormont, soit près de 10 500 habitants. Ils ont tous été informés, ils ont tous d’une manière ou d’une autre participé à ce processus. Il s’agissait tout d’abord de gagner leur confiance, en suite de mobiliser leur énergies, pour que ils sentent leur quartier comme un lieu spécial, unique et non une cité comme les autres.

Nous croyons que le message est passé. Depuis la fin des travaux, le quartier est totalement transformé, et sa vie absolument changée…nous avons l’impression que la bataille (pour le moment) a été remportée.

Umberto Napolitano

Benoit Jallon