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R.A.A.R
LABORATOIRE DE RECHERCHE APPLIQUÉ À
L'ARCHITECTURE ET AU RÉEL

Depuis Janvier 2020 LAN a initié le Laboratoire de recherche appliquée à l’architecture et au réel.

L’architecture est l’art de la transformation du réel. Déterminée par son histoire, sa culture, les objets qu’elle analyse, les méthodes qu’elle adopte, les situations dans lesquelles elle intervient, elle est aussi déterminante : c’est une contribution matérielle, circonstancielle et culturelle aux mutations du monde. L’architecture agit sur le réel autant que le réel agit sur l’architecture. Cette réciprocité est l’objet d’étude du Laboratoire de recherche appliquée à l’architecture et au réel.

Le laboratoire est complémentaire de l’atelier et vise à restituer les temps de découverte, d’invention, d’intuitions, de rapprochements, de questions, de problématisations, de rencontres et d’échanges qui qui animent le processus de projet. Son objectif est de concrétiser ces mouvements réflexifs, par une production théorique multiforme : conférences, publications, expositions, enseignements.

La recherche s’oriente selon trois directions : l’architecture comme discipline, artéfact et représentation. Notre époque est complexe et incertaine, elle questionne l’architecture dans sa définition et dans ses dimensions matérielles, de l’édifice à la collectivité, de l’espace public au territoire. Quel est le futur de la ville ? Quels sont les espaces de demain ? De quels outils avons-nous besoin pour mettre en projet le présent ? Autant de questions qui appellent l’architecture comme force d’investigation, de compréhension et de partage du réel.

L’équipe du Laboratoire est pluridisciplinaire, composée d’architectes chercheurs, d’architectes praticiens, de traducteurs, de graphistes, d’artistes. La formulation et l’exploration des hypothèses de recherche se fait avec les moyens de l’architecture. Ouvert au monde académique, le Laboratoire fait d’ailleurs régulièrement appel à des personnalités extérieures : philosophes, sociologues, politologues, géographes, biologistes…

Le Laboratoire contribue à la culture de projet de l’agence – par introspection et prospection, et inversement, les projets contribuent aux questionnements sociétaux et théoriques des recherches.


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« FAIRE VILLE »
Quel est le futur de la ville ?

Face aux nouveaux défis physiques, sociaux, écologiques et sanitaires posés aujourd’hui par les villes, il est devenu urgent d’opérer une rupture radicale avec l’aménagement de zoning ou l’accumulation d’objets esseulés. Les critères d’organisation spatiale de nos territoires urbanisées restent encore trop proches de la planification, en dépit du constat que la ville envisagée comme un plan poursuit le rêve d’une ville idéalisée et hors de la réalité.

Dans les nombreux nouveaux quartiers qui se construisent un peu partout en Europe depuis vingt ans, beaucoup de constructions intéressantes se succèdent et se côtoient sans pour autant réussir à créer une identité propre ni intégrer celle des lieux qui les accueillent. Ce qui est questionné aujourd’hui n’est pas notre aptitude à construire et à répondre aux injonctions quantitatives de toutes sortes, mais notre génie de « faire ville » et de « faire sens ».

« Faire ville » c’est avant tout une question d’équilibres fondamentaux : entre densité et viabilité, entre nature et construit, entre permanence et résilience, entre sobriété et diversité, entre identité et universalité, entre intensité et urbanisme d’accueil, entre attractivité et caractère inclusif…

A l’instar de Joël de Rosnay qui appelait en 1975 à la définition d’un nouvel outil pour observer et comprendre l’infiniment complexe, il nous semble opportun de développer un instrument de fabrique urbaine, à la fois conceptuel, méthodologique et opérationnel, qui permette de mettre en musique ces différentes valeurs et de répondre à cette exigence de « faire ville ».

Par l’étude de différents moments historiques de l’architecture et de la ville, la recherche vise ainsi une cartographie de situations et dispositifs urbains présentant une réponse singulière aux enjeux de la ville de demain. Commencée en 2017, cette recherche sur les conditions de la permanence des villes européennes tente d’investiguer des cas singuliers et situés, pour en tirer les enseignements d’un faire-ville utile pour le futur.

C’est une approche historique pragmatique : analyser les modèles d’hier avec les questions de demain, pour éventuellement en inventer des nouveaux.



LA RÉVOLUTION A-TYPOLOGIQUE
Quels espaces pour demain ?

L’architecture se fabrique sur des programmes construits sur les acquis des expériences du passé. Comment faire, dès lors, pour répondre aux besoins actuels de la société, pour anticiper ses besoins futurs ? À l’idée fonctionnelle d’unicité d’usage des espaces, le présent nécessite une approche plus nuancée. L’histoire de la typologie architecturale s’est construite sur la différenciation des types en fonction des programmes alors qu’aujourd’hui la recherche attend une approche temporelle du type, une approche durable, c’est-à-dire une recherche qui ouvre le type à l’adaptabilité, la flexibilité voire à la reconversabilité.

La typologie est un outil moderne qu’il s’agit d’adapter aux besoins de notre époque. Il s’agit d’en dépasser la conception purement fonctionnelle, pour penser des espaces plus ouverts à l’indéterminé.

Le laboratoire travaille sur ces questions depuis plusieurs années. Que ce soit sur les types d’équipements tels que le théâtre, la prison, le tribunal… ou sur des types d’activités, de bureaux, de logements, chaque fois l’approche est d’abord analytique. Il s’agit de comprendre comment l’architecture a répondu à un besoin sociétal précis au travers les époques, c’est-à-dire d’analyser les différents types de dispositifs spatiaux inventés par les architectes pour une même commande. L’architecture est un art millénaire, il est important de replacer les problèmes du contemporain dans ce temps long. Chaque problème a son histoire.

La question du logement est peut-être celle qui génère le plus d’attentes aujourd’hui : comment prendre en compte la fragmentation du parcours résidentiel, la multiculturalité de la société, les évolutions de la cellule familiale, l’impact de la crise sanitaire actuelle… ?

La typologie est un marqueur des évolutions du logement, c’est un outil de l’architecte pour contribuer au bien-être de l’habitant, et comme tout outil il est perfectible. Le confinement n’a fait que renforcer cette idée.



PENSER ET REPRÉSENTER L'ARCHITECTURE
Des outils pour un monde incertain

Entre crises des subprimes, tsunamis, incendies géants et épidémies, le début de ce siècle déplace les enjeux de l’architecture. Symbole de stabilité et de permanence, l’art d’édifier doit désormais composer avec un futur imprévisible. Si le XXe siècle fut celui de la prédiction, le XXIe sera celui de l’indétermination.

Pour faire de cet état d’incertitude généralisée une force de projet, il nous faut observer, décrire et comprendre un monde complexe, hétérogène et contradictoire. Cet état du réel requiert chez ceux qui le transforment des aptitudes nouvelles et des capacités à penser ensemble des conceptions du monde auparavant dissociées.

En explorant les paradoxes de la discipline architecturale nous faisons de la recherche une tentative de conciliation complexe. Le paradoxe est cet outil logique qui nous permet de penser ensemble des réalités, en apparences, contraires.

Cet exercice de théorie générale nous amène à repenser le vocabulaire de l’architecture. Comment, en effet, réfléchir au sens de l’architecture aujourd’hui avec les mots d’hier ? Il faut remettre en cause le glossaire moderne.

Pour cela, nous avons choisi de travailler sur des couples de mots qui, mis en tension, expriment un paradoxe. Ces couples de mots engagent des idées contradictoires mais concrètes sur la discipline, la création en général et son rapport au réel : Forme / Indétermination, Limite / Épaisseur, Héritage / Transformation, Ensemble / Autonomie, Représentation / Manipulation, Technique / Disparition, Mémoire / Amnésie, Risque / Responsabilité, Beauté / Vérité.

La description écrite est essentielle mais la question de la représentation graphique est tout aussi centrale dans notre projet. Si la représentation est toujours le fait d’un auteur, si c’est une reconstruction du réel, alors la représentation est une affirmation, elle doit permettre la synthèse et le dépassement, l’analyse et le projet, l’investigation et la transmission.

Le laboratoire met à profit l’expérience de l’agence en matière d’expérimentation et de modélisation. De la même manière que le dessin et la maquette font parties intégrantes du processus architectural, le laboratoire appuie ses recherches sur une pratique du design exploratoire.